mercredi 27 octobre 2010

Acte VIII

On a eu un appart à Montrouge, avec pour voisins un gentil couple de femmes baba cool et des odeurs d’encens (pour ne pas dire autre chose…) sur le palier.

On a eu une première maison à Tana, au rez-de-chaussée avec la proprio au premier qui se balade en talons aiguilles à 5 heures du mat’ pour faire le ménage.

On a eu une deuxième maison à Tana, gigantesque, avec un escalier monumental, des lapins dans le jardin, et une proprio qui nous vire au bout d’un an pour revendre la maison.

On a eu une troisième maison à Tana, avec des bananes, des mangues, des chouchoutes, de la menthe, du basilic, des avocats, des tomates, du café qui poussent dans le jardin.

On a eu une maison dans le Berry, pour un transit de trois mois, avec un poney, un trampoline, des vélos, des vrais magasins et une FNAC à quelques kilomètres, et un étudiant au fond de la cour qui révise l’agreg.

On a eu une maison à Rabat, en centre-ville à 200 mètres de l’école, avec les fresques paternelles sur les murs des chambres, deux tortues dans le jardin et une proprio richissime qui a grandit avec Hassan II.

On a eu une maison à Niamey, avec une piscine olympique, un long couloir pour faire du roller, une terrasse pour faire du vélo, des chambres avec dressing et salle-de-bain, et aussi des clims cassées, des douches bouchées, des prises électriques cramées, un proprio fantôme.


Samedi on déménage dans notre 8ème maison !! Toujours à Niamey. Avec un jardin botanique incroyable, une petite piscine, une grande terrasse, des clims qui marchent… Et hop on range, on remballe, on refait les cartons (d’ailleurs certains n’étaient pas encore ouverts), on loue un pick-up et quelques déménageurs, ce sera vite-fait.
8ème maison en 7 ans de mariage… Mais non, on n’a pas la bougeotte.

vendredi 22 octobre 2010

Banco !

On connaissait les coupures d’électricité, presque chaque jour.
Hier on a découvert les coupures d’eau : de 7h du matin à 21h. Au moins ça change. Et puis faire pipi au fond du jardin et prendre son bain dans la piscine quand la nuit est tombée ça c’est rigolo...
Et le must : la coupure d’eau + la coupure d’électricité ! On a eu ça hier soir vers 18h30. Pas longtemps, à peine une heure. Le temps de se demander si ça vaut vraiment le coup de louer une maison en béton avec eau et électricité.

C’est pas chouette les maisons en banco ?? Y a même la télé !!

Mais où est la piscine ? Et la balançoire ?
Bon au moins pour le bac à sable ça devrait aller...

jeudi 21 octobre 2010

Lexique 2 – Au travail

Voici la suite de notre petit lexique nigérien. Cette fois partons au bureau.
D’abord voyons si vous avez retenu la leçon précédente : qu’est-ce qu’on nous dit quand on arrive ?
« Bonne arrivée ! » Bon ça c’est in-con-tour-nable. Quand quelqu’un arrive, on lui souhaite la bonne arrivée.

Ensuite on rentre dans le bureau et on cherche une collègue. Elle est où Ramatou ?
Tu cherches Ramatou ? Elle a voyagé !
Quand quelqu’un vient de partir en mission ou en vacances, on dit qu’il « a voyagé ». Mais quand il vient de rentrer de mission ou de vacances, on dit aussi qu’il « a voyagé ». Et finalement on ne sait jamais si les gens sont partis ou sont revenus. Ramatou, elle vient juste de partir ou elle est en train de revenir ?? Oui oui elle a voyagé… Arghh.

Bon pas grave. La journée de travail se passe très bien. De toutes façons tout se passe toujours très bien, parce qu’ici au Niger « il n’y a pas de problème ». Jamais. Une réunion, un rapport, un coup de fil ? Il n’y a pas de problème.

La journée de travail se termine. C’est bientôt l’heure de descendre. Pourtant on est au rez-de-chaussée ! Ha oui parce que Niamey c’est une ville-rez-de-chaussée, y a pas d’étage. Les bâtiments à étages se comptent sur les doigts d’une main et les maisons sont toutes de plain-pied. Pour avoir un point de vue à Niamey, faut monter sur un lampadaire. Un quoi ? Bon la lumière on en parlera une autre fois. Fin de la parenthèse.
Donc c’est maintenant l’heure de descendre. Mais descendre de quoi ? Ben descendre. La descente c’est le moment (béni) de quitter le bureau. Moi par exemple le midi je descends à 13h et le soir je descends à 17h30. Et chez vous la descente c’est à quelle heure ?

Ensuite on rentre à la maison. Et là il est déjà 6 heures moins. Faut se dépêcher de donner les bains, faire les devoirs, préparer le dîner, parce qu’on est invité chez des amis à 8 heures moins. Ensuite après cette bonne soirée, on rentre à maison à 11 heures moins. Ici au Niger on ne s’encombre pas des minutes, quelle perte de temps les minutes ! 6 heures moins, c’est un peu avant 6 heures… Bon ok c’est vague. 6 heures moins, ça va de 5h31 à 5h59. Ce qui permet de ne jamais être en retard. Ou d’être toujours en retard. Mais de toutes façons il n’y a pas de problème.

Allez je file, c’est la descente. Il est 13 heures moins.

Tiens y a la coupure

Depuis quelques semaines on a des coupures presque tous les jours.
Je parle des coupures d’électricité bien sûr. Ici il suffit de dire des « coupures », on sait de quoi on parle. Même à deux ans.
« Tiens y a la coupure », « ouéé la coupure é finie ! », « ha acore coupure »

Hier soir on a même eu trois petites coupures. La coupure de 18h30 qui empêche de réchauffer vite-fait les pâtes au micro-onde. « maman zé faim ». La coupure de 20h qui ruine la soirée film « maman a pu de batterie dans le dinateur ? ». Et la coupure de minuit qui prive de ventilateur ou clim. « maman zé so et zé soif »…
Bref une soirée normale.

PS : penser à trouver un groupe électrogène.

mercredi 20 octobre 2010

Aller sans retour

Les Nigériens ont toujours raison. Si si.

Par exemple l’autre jour, je demande à Mahamadou le chauffeur d’emmener les enfants dans un parc après l’école, pour jouer au toboggan avec leurs copains. Il les dépose et repart aussi sec. Laisse la voiture à la maison et rentre chez lui.
Vers 18h j’arrive au parc, rassemble la troupe et cherche Mahamadou pour repartir. Pas de Mahamadou. Je cherche la voiture. Pas de voiture. Hum…

Allô Mahamadou ? On fait comment pour rentrer ?
Madame vous m’avez dit de déposer les enfants. Vous m’avez pas dit qu’il fallait les ramener.

Imparable.

vendredi 15 octobre 2010

Clotaire

Le Niger c'est Clotaire.
Vous savez Clotaire, le bon copain du Petit Nicolas, celui qui dort au fond de la classe, celui rêve de courses de vélo, qui est toujours le dernier aux Compositions et qui passe son temps au piquet. Clotaire le doux cancre aux cheveux en bataille.

Le Niger c'est Clotaire. Le bon dernier des 182 pays du monde. Les cheveux en bataille. Toujours en retard, toujours désorganisé. Il y a rien à manger, y a pas d'écoles, y a pas de centres de santé, y a pas de routes. Clotaire les cheveux en bataille. Ici à Niamey on n'a plus d'électricité depuis 48 heures. On ne sait pas pourquoi, on attend que ça revienne, on se débrouille à la bougie et on a vidé le frigo. Il paraît que c'est à cause des lignes qui sont en très mauvais état. Sans blague...

Le Niger c'est aussi un pays doux, capable de faire un coup d'Etat sans bain de sang, sans combat, en trois ou quatre heures, le temps de raccompagner le Président et de mettre un Général au Palais comme en février dernier. Hier rebelote : une tentative de coup d'Etat. Personne n'y comprend rien, les rumeurs circulent sur RFI, il paraît que le numéro 2 de la junte voulait destabiliser le régime. Et hop il est limogé. Le Niger ne s'est aperçu de rien. Clotaire le doux cancre qui rêve au fond de la classe. Pendant que tout autour, ça chahute, ça kidnappe.


Pendant ce temps la sous-Secrétaire Générale des Nations Unies est en visite pour trois jours au Niger. Clotaire au tableau ! Ben... j'ai rien... pas de récoltes, pas d'écoles, pas de centres de santé, pas de routes. Ok Clotaire on va t'aider - a dit l'adjointe de Ban Ki-Mon.

Si on pouvait commencer par remettre l'élec...

mardi 5 octobre 2010

Bingo

Premier palu à la maison... C'est le mâle qui s'y colle en prem's.

Au bout de 6 mois c'est plutôt bien résisté hein ?

Petite gorgée de Fanta et autres plaisirs minuscules

Quand ils ne travaillent pas, les Nigériens en profitent pour se reposer, pour se mettre à l’ombre, pour s’allonger ou s’asseoir, les doigts de pied en éventail, avec un verre de jus de gingembre bien frais (euh.. disons pas trop chaud).

Nous le week-end quand on ne travaille pas, on met des grosses chaussures, on remplit nos sacs-à-dos de gourdes Décathlon super-pros et on va marcher sous le soleil. Sont fous ces Gaulois…

Tous les samedis à 17h les expatriés de Niamey se retrouvent pour une randonnée autour de la capitale. 6 km pour le parcours marcheurs ; 8 km pour le parcours coureurs. Oui parce qu’il y en a même qui le font en courant… si si.
Ça s’appelle le Hash ou le H et ça existe dans des dizaines de pays depuis des dizaines d’années. D’ailleurs l’explication du pourquoi-que-s’appelle-le-hash s’est perdue dans la nuit des temps. Au Niger c’est Yacine et Gérard qui l’organisent depuis 30 ans ; chaque samedi matin ils vont poser des confettis blancs (bio-dégradables of course) par terre pour marquer les parcours. Qu’il vente, qu’il pleuve, qu'il neige (on prend pas des grands risques ici…) ou qu'il putsh, aucun Hash n’a été annulé. Enfin si justement, un seul : le surlendemain du Coup d'Etat du 18 février dernier.

Et c'est bien raisonnable tous ces expats dans la nature avec les vilains terroristes qui traînent ? Faut croire que tout est sous contrôle puisque même Son Excellence l'ambassadeur de France ne manque jamais un Hash. Short blanc, casquette noire, il court il court l'ambassadeur. (Et pas derrière les terroristes apparemment...).
Nous aussi on est très fidèle au Hash avec nos 3 Hashettes. Le hic étant de concilier les motivations divergentes de la famille : L'une fonce et s'embarque sur le parcours coureurs sans prévenir. L'autre fait trois pas en avant trois pas en arrière, remplit ses poches de cailloux (rouli-roula...) et fait des bouquets de fleurs. Et la troisième pleurniche pour qu'on la porte, prétextant des hordes de loups sur le point de nous attaquer. Tandis que les parents aimeraient bien marcher et papoter avec les copains.

Bref 1h voire 1h30 de marche cahotique sous le soleil, dans le sable et la caillasse. Et on en redemande tous les samedis ! Oui oui ils sont fous ces Gaulois.
Mais il faut dire que les paysages sont somptueux autour de Niamey avec les plateaux de roche noire surplombant le Fleuve Niger, les dunes de sable doré, les champs de mil verts et jaunes, etc. Les balades nous emmènent toujours en haut des collines ou au fond des koris qui serpentent. Et les Hashettes sont drôlement fières d'avoir parcouru 6 km... ou un peu moins, parfois on triche oui.

Et puis à la fin y a une récompense : le fameux Fanta dans la glacière! qui nous a servi de carotte pour le dernier km... (il est toujours de trop le dernier km). On sirote pendant quelques minutes en se racontant sa semaine, on planifie les activités du lendemain (goûter-piscine chez vous ou chez nous ?!), les enfants finissent de remplir leurs poches de cailloux. Une belle moustache orange au dessus des lèvres....
Bah oui c'est pas facile de marcher incognito...