Au début on se dit qu'on aurait pu faire pareil avec notre petit camescope. On se dit que les images sont très moches et que le montage a été fait avec une hache.
Au début on tend l'oreille et on se dit que les acteurs jouent vraiment très mal, qu'ils ânonnent leur texte comme des élèves de CE1.
Au début on regarde sa montre souvent, on trouve que l'histoire n'avance pas, que le rythme est lent. Très très lent. Et on se dit que la bande-son n'arrange rien.
Et puis peu à peu on réalise que les acteurs parlent juste avec lenteur et emphase, comme tous les Nigériens, qu'ils se déplacent avec nonchalance, comme tous les Nigériens. Bref on réalise que c'est un film africain, avec le rythme africain, l'ambiance africaine. Et peu à peu on se laisse prendre par l'histoire.
Celle de Koda, une jeune étudiante orpheline, et Kola un lieutenant de l'armée nigérienne, qui tombent amoureux. Mais ils ne peuvent se marier, car la tante de Koda veut la marier de force avec un riche homme d'affaires. De son côté le lieutenant se bat contre ses supérieurs qui veulent l'entraîner de force dans de sombres histoires de corruption. Finalement le lieutenant est assassiné et Koda, mariée contre son gré, empoisonne son époux le 4è soir de son mariage... la 4è nuit noire.
Malgré des moyens techniques et financiers très limités, Djinkarai Maiga, le plus grand cinéaste nigérien, a fait un film très osé : il dénonce la corruption qui gangrène l'armée et l'impunité dont bénéficient les officiers ripoux. Il dénonce aussi les traditions africaines qui imposent à une jeune fille de se marier contre son gré. Et à voir les réactions enthousiastes du public nigérien pendant la projection, on se dit que Maiga a des adeptes et que c'est drôlement rassurant.
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